Visite de la Ferme Bioceronne - le témoignage de Julie
le 13 septembre 2020
Les champs de Fabien, ils ne sont pas durs à trouver : on suit la direction de Corancez,
et puis on s’arrête devant les serres, rien de plus simple.
C’est assez foisonnant en cette période, exactement l’image que l’on a de champs « bio » : certaines parcelles, en « fin de culture », sont en effet habillées de diverses hautes herbes qui poussent dans tous les sens ! D’autres, au contraire, accueillent des plans d’épinards et des bébés navets ou autres radis noirs en rangs graphiques impeccables. Visuellement, des champs bio, c’est très varié à cette saison ! Il y a aussi le petit chalet, où on peut acheter, via un distributeur, 24h/24, les légumes tout frais de la ferme (si c’est pas une idée géniale, ça !)
Si tout le monde est heureux de se retrouver sous ce beau soleil, Fabien commence tout de même par nous
expliquer que 2020 est une année (très) difficile. Et qu’il préfère penser à la prochaine. En raison de la
pandémie de Covid, les graines sont arrivées avec beaucoup de retard, entrainant (logiquement) un retard
des récoltes. La canicule a aussi posé beaucoup de problèmes. Mais en attendant, on sent bien qu’il donne
son maximum pour faire au mieux. Alors, par exemple, des courges, on en aura un peu, mais pas tout de
suite. Les choux… ça va être compliqué.
C’est chouette de se promener dans les champs, où s’engage une discussion à bâtons rompus, en toute simplicité. On pose des questions, nous qui n’y connaissons rien, ou pas grand-chose. La plus fréquente étant : « Et ici, c’est quoi ? » (suivie -ou pas du tout- de « T’as vu, je te l’avais dit ! »).
Certains sont contents de savoir que les navets et les radis noirs se portent bien, d’autres se demandent déjà
ce qu’ils pourront bien en faire (je ne citerai aucun nom)… il faudra peut-être songer à se partager des
recettes ! (Avec ou sans beurre, mais c’est une autre histoire.)
Fabien nous montre les poireaux : ils sont en train de terminer leur croissance parmi les « mauvaises herbes »,
parce qu’au bout d’un moment, il est impossible de garder le rythme de désherbage (pour palier la canicule,
il faut arroser, et l’arrosage favorise -aussi- la pousse des mauvaises herbes… d’où un besoin important de main
d’œuvre), et qu’à ce stade, ils ne craignent plus rien. Par contre, Fabien précise qu’ils vont être terreux, la « faute »,
là encore, aux nombreux arrosages qui remuent la terre. À côté, les tout jeunes épinards sont eux aussi en pleine
forme. Ils seront prêts à être cueillis dans 3 semaines environ. On a hâte !
Plus loin, sous leur serre, une bonne partie des concombres… a complètement cramé. Fabien est résilient. Des « ratés », des déconvenues, des « mauvaises surprises », il en a chaque année, il sait ce que c’est. « Ça fait partie du job », comme il dit.
Impossible de faire un compte-rendu exhaustif de cette promenade champêtre riche d’enseignements, mais voici, en vrac, quelques informations d’ordre général :
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Fabien travaille avec 6 AMAP, qui représentent 80 % de son activité. Il est également présent sur les marchés des Batignolles, de Saint Cloud et de Boulogne Billancourt. Depuis quelques années, il a ouvert un petit magasin de vente/resto : Ma ferme en ville, à Chartres (rue de la Pie), qui est un succès !
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Il emploie 3 personnes à temps plein (+ 3 personnes pour le magasin), et 15 à 20 saisonniers cette année.
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Ses poules sont à présent logées à 15 kilomètres. Il ne propose plus de poulets ni de volailles festives, faute de temps (dommage, car je n’ai jamais mangé de meilleur poulet !).
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Il cultive 20 hectares de légumes et environ 60 variétés par an.
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Un cycle dure 8 ans dans un champ : 5 ans de culture de légume (différent chaque année), et 3 ans de luzerne, qui termine chez un producteur d’agneaux tout près, pour nourrir les bêtes.
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Le compost provient d’une station de compostage située à 5 km.
Fabien répond toujours avec la même gentillesse et la même pédagogie. C’est une chance de pouvoir discuter
et échanger avec lui, de comprendre (un peu) mieux son travail. Car derrière le panier de légumes que l’on
récupère chaque semaine, il y a une équipe, de vraies personnes, qui font chaque jour leur maximum pour
nous nourrir. Souvenons-nous, lorsque nous pestons dans la cuisine parce que les poireaux sont (vraiment)
pleins de terre, que cette terre n’est là ni pour nous embêter, ni surtout par hasard. C’est BON de savoir
POURQUOI les choses sont comme elles sont.
Et c’est exactement ce que ce type de visite permet. Jacqueline le sait plus que quiconque, elle qui œuvre
pour l’AMAP depuis maintenant presque 10 ans. C’est grâce à elle et à sa belle énergie communicative que
cette visite a pu avoir lieu. Plus qu’une simple visite d’ailleurs, ce fut une rencontre très enrichissante, dont
nous sommes, je pense, tous ressortis enchantés. Le temps de Fabien est précieux. Pour nous accueillir,
il a dû fermer sa boutique, cela en dit long sur sa volonté de transmettre sa passion et ses valeurs.
Merci à Jacqueline et à Fabien pour l’organisation de cette belle journée. Et merci à tous les Amapiens
présents pour leur charmante compagnie et leur bonne humeur !




